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> Hervé le Goff

En recréant le réel par ses propres moissons d'images, Michel Kirch invente un univers qu'il explore jusqu'à s'y perdre. Les trois niveaux d'une exposition invitent à découvrir ce travail savant et poétique dans lequel chacun trouvera son bonheur et ses vertiges.

Avec leur flamboyant clair obscur et la profondeur de leurs demi-teintes, ces photographies subjuguent le visiteur, assailli par la beauté formelle et le mystère qu'elle sert, dirait-on aveuglément. Bien audacieux serait celui qui s'improviserait guide à travers un univers qui questionne même l'auteur de sa mise en image.

Maîtrisant la lumière comme un artificier, gérant l'espace en géomètre, Michel Kirch parvient à fondre dans le même creuset l'inquiétude et l'émerveillement, la logique et l'inconscient.

Mis en regard des tendances minimalistes voire monotones de la photographie contemporaine, le travail de Michel Kirch s'ouvre au regard avec la puissance naïve des représentations anciennes de l'apocalypse, quand elle ne se hasarde pas dans les limbes du rêve ou dans ce couloir lumineux dont parlent ceux qui reviennent de la mort imminente, à la frontière du tangible et du néant.

Photographiant sans hâte ni préméditation, il emmagasine des paysages, des éléments d'architecture éventuellement candidats à ses fonds d'image, saisit des personnages, des animaux, enfin ce qui lui présente le hasard.

L'œuvre se réalise au terme d'une autre errance, dans ce fonds très personnel et de plus en plus riche, exploré sur l'écran de l'ordinateur comme un territoire qui se découvre. Peu à peu une idée se dessine, une saynète prend corps et les choses se mettent en place jusqu'à ce que l'image exprime l'imaginaire. La phase de montage numérique une fois achevée, l'épreuve finale se couche en grand format, argentique ou jet d'encre.

A ce jour, l'œuvre de Michel Kirch comporte plusieurs séries d'une trentaine d'images chacune : "Essence", "Baltic Memories", "Telluric Mood", "NY Energy", "Au-delà du Mur", "Old Jaffa's Dream", "Masques", "Climats" et "Les Eveillés". "Spacialités", l'installation sur trois niveaux de l'Espace Cardin Evolution emprunte aux deux dernières séries une quarantaine de pièces de natures diverses, argentique, jet d'encre, diasec ou caisson lumineux allant du 40x40cm au 260x360 cm. Objet de nombreuses acquisitions de collections publiques et privées, présentée par la galerie Esther Woerdehoff à Paris Photo depuis 2009, matière en 2012 d'une installation en cinq chapelles d'autant de continents, programmée à la biennale de New York de mars 2013.

L’oeuvre de Michel Kirch touche un public de plus en plus large, interrogé ou séduit en ses divers degrés de lecture.

 

Hervé le Goff

Journaliste, critique d'art

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