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Homo Fukushima

" Homo Fukushima " est un mutant… le stade le plus contemporain de l'espèce humaine, adapté plus ou moins à un environnement aux composantes climatiques et géologiques désormais juxtaposées aux contextes politiques, économiques, démographiques… J'ai choisi le Japon comme objet de démonstration, laboratoire symbolique d'enjeux universels. Car ce pays abrite à lui seul une panoplie presque complète de tous les risques potentiels, sur fond de sol imprévisible. Car si les volcans, tremblements de terre et tsunamis ont toujours façonné le paysage et la culture, la nouveauté réside dans l'histoire (Hiroshima), l'économie (high tech), la densité urbaine, l'écologie (nucléaire civil), et la politique (en confiant par exemple à un opérateur privé la liberté d'installer des réacteurs nucléaires en bordure d'océan). Le Japon est un des moteurs essentiels de la société de consommation : développement sans précédent des capacités et vitesse de production, flux tendus des stocks, créativité high tech, rationalisation optimale, urbanisation massive. Création d’une civilisation de l’éphémère, du dérisoire, se superposant à la culture d’un Japon intemporel. En amont, avec la production (énergie, objets, nourriture...), en aval avec la concentration toxique de déchets (dans le corps, l’environnement). 

Mon thème aborde la consommation en amont et en aval de l’acte de consommer, dans une trajectoire allant d’Hiroshima et Fukushima. Et se superposant à la catastrophe naturelle, par delà les dommages collatéraux innombrables liés au mode civilisationnel, déambulent dans le paysage dévasté, saturé des résidus de la modernité, des moines Shinto, des danseurs de Butô, comme une référence à la tranquille attitude précédant la société de consommation. 

La subduction menace depuis toujours le Japon d'engloutissement, mais c'est peut-être l'homme qui prendra la géologie de vitesse en rendant possible, en cas d'accident majeur, une évacuation totale de l'archipel.

Homo Sapiens, qui sait s'adapter, doit ici affronter un changement brutal dans son rythme et sa nature. Il devient sans même s'en apercevoir Homo Fukushima, celui là même qui tirera sa force de cette difficulté spécifique. 

Au delà de la survie, qui stimule intelligence et créativité, perdure l'indicible sentiment de fragilité qu'implique la conscience aiguë de l'instabilité. C'est alors que se profile non plus seulement l'intelligence, mais aussi la force spirituelle…

Dans ce travail à l'ambition poétique, le réel est intégré dans des contes visuels lui donnant un sens d'autant plus aigu.

Homo Fukushima sera ainsi une sorte de peinture de l'homme post moderne.

 

Michel Kirch

 

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