> Karine Claeren
Créer l’instant
Des traces hors cadre, des images qui n’en sont pas, plutôt des sensations, des âmes traversées et passantes toujours en rivage et à l’abordage, jamais pirates de nos émotions. Telles sont les photographies et l’univers de Michel Kirch. L’univers, l’infini et nos mondes. Nous sommes débarrassés de la pesanteur des cieux, dans la verticalité de nos êtres, la simple présence qui jaillit, surgit, n’est plus pour nous ni limites, ni termes, ni barrières, ni murailles qui nous séparent de l'univers infini et défini de notre regard, de ce qui se devine ou s’offre à voir.
De ces mondes innombrables, gigantesques, dont la plupart sont certainement habités, rêvés, en résonance, persistent la lumière et l’obscurité que nous percevons dans ces teintes faites de notre dualité propre.
Désormais, devant ces compositions plus vraies que natures, celui qui regarde, prend conscience, embrasse, ouvre ses ailes, fend les cieux et s'élève d'un lieu à l'autre. Alors, il devient possible de pénétrer dans les champs de l’histoire, mythique, éthérée, puissante, altérante voir hypnotisante, laissant derrière soi ce que les autres entrevoient à peine.
Dans l'espace infini, dans ces mondes innombrables, gigantesques, il n'existe que la lumière et l’ombre dont nous sommes faits, devenant compatibles face à nos propres contradictions.
Devant cette immensité, il est vraiment trop absurde de croire qu’il existe des limites, mais pourquoi pas d'autres facultés de penser, d'autres sens que ceux que nous connaissons.
La présence humaine érigée en statue ou point de repère dans ces compositions, se pose comme une symbolisation de l’infini potentiel. C’est ce passage qui intéresse et ravive. La fenêtre vers la vie est ouverte de ces oeuvres qui s’élèvent au delà du cadre et où rien ne peut fermer, jusqu'à ce que tous ces murs autour tombent et qu'il ne reste plus que la liberté sans limite.
Alors l'humain peut entreprendre le chemin de son existence et de sa présence, la raison de toutes les ingérences et évidences vécues, parcourues depuis cette descente dans le monde, cette immersion à nouveau devant l’immensité de notre environnement.
Prise de conscience éclairée, le travail de Michel Kirch n’est ni consensuel ni démonstratif, puisqu’il EST, tout simplement. Aux lumières d’albâtre qui subjuguent et enrobent des moments d’éternité, descente et montée de l’homme dans sa multiplicité étendue, cette présence partout reste dans les mémoires de l'humanité comme une expérience de vie et devient un exemple pour nous remémorer à tout jamais la puissance, la potentialité qui est nôtre depuis le début de la création.
Eclairés, nous voyons toutes les possibilités que nous avons pour les mettre en action dans nos vies de chaque jour. Être éclairé, c’est avoir transcendé ses limites et rencontré la voie qui correspond à notre évolution. C’est là que la rencontre s’opère entre celui qui regarde et prend forme, projette dans l’image, car notre véritable vocation n’est elle pas d’exister, trouver du sens, d’aimer, d’admirer ou encore de prendre soin de la vie sous toutes ses formes ?
Dans un temps suspendu, passerelle du réel et de l’indicible, ce face à face questionne : quelle orientation, la raison d’être, est ce que j’attends que le temps propose une meilleure alternative, qui suis- je?
Comme des amants qui se côtoient, il y a union de plusieurs mondes ou tout devient vie, nous rappelant que celle ci demeure aventure qui lorsqu'elle est jalonnée de petits ou grands défis à surmonter, suscite la créativité, stimule l'imagination voire déclenche l'enthousiasme, est ce à dire le Divin en nous.
Dans tout ce que nous croyons, voyons, rencontrons, toujours la vie.
Karine Claeren
Journaliste